Régence à Paris (1715 – 1723), L’aube des Lumières. La société française à l’époque du « prince libertin » (Musée Carnavalet, jusqu’au 25 février). Original en français avec version italienne.

par Philippe PREVAL

Voici le temps de l’aimable Régence,
Temps fortuné, marqué par la licence,
Où la folie, agitant son grelot,
D’un pied léger parcourt toute la France,
Où nul mortel ne daigne être dévot,
Où l’on fait tout, excepté pénitence.
Le bon Régent, de son palais royal,
Des voluptés donne à tous le signal
[1].

Ces vers célèbres de Voltaire résument bien une période de huit ans, dont une excellente exposition organisée par le musée Carnavalet, à Paris, accompagnée d’un très bon catalogue[2], célèbre le tricentenaire.

Succédant à son illustre, son pieux, son dévot, son très chrétien oncle qui mit l’Europe à feu et à sang, ruina son pays, affama son peuple, supprima la liberté religieuse, amputa la nation de ses élites protestantes, isola l’aristocratie du peuple et versa généreusement le sang de ses enfants, Philippe le débauché, instaura une période de paix, assainit les finances, désendetta l’état, tint l’église et le parti dévot en respect, favorisa le commerce et les arts, rétablit la liberté de penser et ouvrit la glorieuse époque des lumières dans son pays.

A cette petite décennie, qui selon Michelet dura un siècle, il est juste de rendre hommage et à cet homme aussi. Le régent était un être aux talents multiples qui avait disposé d’une éducation accomplie, bien plus remarquable que celle dispensée à ses cousins. Excellent cavalier, homme de guerre qui s’était illustré au feu par son courage et son sang-froid, il était un grand amateur d’art, au point de négocier dès 1715 l’achat de l’ancienne collection de Christine de Suède[3], il avait étudié la peinture avec Charles Coypel, était un musicien accompli[4], disposait d’une bonne culture mathématique[5] et scientifique en générale, savait  son latin et écrivait un français tout à fait convenables.

Figure 1 Jean-Baptiste Santerre, portrait de Philippe d’Orléans, Château de Versailles.

L’exposition débute par la « prise de pouvoir ». Philippe II d’Orléans s’allie avec le parlement de Paris pour casser le testament de Louis XIV à peine froid et mettre sur la touche, son cousin légitimé, Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, qui, trois ans plus tard sera compromis dans la conspiration de Cellamare et devra s’exiler pendant deux ans. Au moment où le corps du roi mort est transporté de Versailles à Saint Denis, celui du roi vivant, circule de Versailles à Vincennes, en passant par « les grands boulevards ». C’est une décision forte du nouveau dirigeant : le pouvoir, la cour, reviennent à Paris. Un boum économique sans précédent pour Paris s’ensuit naturellement, qui verra la construction de nombreux hôtels particuliers qui seront peuplés d’œuvres d’arts et feront travailler tout un univers de corps de métiers.

L’exposition se clôt par la mort du duc d’Orléans, le couronnement de Louis XV et le funeste retour du roi et de la cour dans cette petite ville de province située à quatre lieux de la capitale. Entre temps le siècle de la Régence est abordé en quatre parties -un nouveau régime, le renouvellement urbain de Paris et les arts décoratifs, les arts, les lettres et les idées, la fin de la régence- dont nous ne commenterons que quelques grands thèmes.

L’économie

Le régent était économe des deniers de l’état. Les travaux somptueux de Versailles s’arrêtèrent. Les guerres dispendieuses, qui avaient bien failli valoir la fin du royaume, ne reprirent pas. Cette attitude mesurée et vertueuse était à elle seule, un facteur de redressement. Cependant, quand on pense à la Régence, en termes d’économie, on pense à la banqueroute de Law.

L’aventure de la banque royale et de la nouvelle compagnie des Indes est bien décrite dans le catalogue[6] et évoquée par une salle de l’exposition. On peut y suivre la créativité du génial écossais, l’intérêt pour le royaume et pour l’économie productive, l’emballement, la croissance effrénée du léviathan qu’est devenue la nouvelle compagnie des Indes, la chute initiée par quelques maladresses et amplifiées par ceux que cette réussite insolente gênait, les vieux riches du royaume, noblesse de robe, bonne bourgeoisie.

Si la chute est restée dans les mémoires, le système Law a néanmoins, pendant ses quatre années d’existence, permis le désendettement du royaume, une croissance remarquable du commerce et de l’artisanat, et la création d’une nouvelle mentalité très fructueuse et très profitable à l’ensemble du peuple qui consistait a gagner le plus d’argent possible et à en dépenser presque autant dans les arts, la décoration et des passions moins avouables comme le jeu.

L’architecture à Paris et les arts décoratifs

La régence c’est avant tout un style décoratif qui est immédiatement reconnaissable et qui inaugure le grand style français qui s’achèvera avec la révolution.

Attirés par le dynamisme du marché parisien qui doit décorer et meubler les nombreux hôtels particuliers que font construire ou aménager la cour réinstallée, ou la bourgeoisie financière, les artisans venus en particulier des provinces unies (Boulle, BVRB I, Oppenordt) inventent un style élégant, allégé des lourdeurs du roi soleil et le déclinent dans divers domaines : ébénisterie, appliques en bronze doré, horlogerie, menuiserie décorative, sièges, porcelaines montées…

Pour les meubles, c’est l’Age de Cressent. Les pierres dures sont remisées, les assemblages contre-nature, comme disent les ébénistes, de bois, métal, écailles ou émail, sont oubliés. Les meubles sont en placage de bois exotiques, bois de rose, bois de violette, bois de satin, palissandres de toutes variétés. Le noir ébène disparait, les couleurs, aujourd’hui transformées en camaïeux de bruns, surgissent dans les salons.

Figure 2 Charles Cressent, Commode

C’est l’Age d’Oppenordt pour la décoration. Les panneaux de marbres disparaissent, les lourdes garnitures de bronze doré ou les bas-reliefs aussi. C’est le règne du bois sculpté et rechampi, l’alliance sublime du blanc et de l’or qui ne sera jamais abandonnée en France.

Figure 3 Galerie Dorée (hôtel de Toulouse, Aujourd’hui Banque de France)

L’architecture est à l’unisson, allégée, affinée. Elle reste fidèle au classicisme du XVIIe siècle mais la grandiloquence s’efface au profit de l’élégance. En huit ans, plus de 40 hôtels sont construits dont des chefs d’œuvre : l’hôtel Matignon, le palais Bourbon, le palais de l’Elysée… L’architecture privée a pris le pas sur les grandes constructions royales : « C’est sans doute cette élégance de la retenue et cette courtoisie envers le passé qui a assuré le succès des hôtels de cette époque – parangons d’un art de vivre à la fois brillant et confortable, rassurant et moderne[7]. »

La peinture

Le peintre de la régence c’est Watteau. Sa courte carrière en épouse pratiquement les dates. La peinture moribonde de la fin du règne de Louis XIV, les grandes machines religieuses des Jouvenet ou des Lafosse, cède la place aux fêtes galantes aux allures vénitiennes. L’intégration de trois vénitiens à l’académie, dont Sebastiano Ricci et Rosalba Carriera, n’est sans doute pas étrangère au vent d’air frais, qui souffle sur la peinture française. Dans une étude très éclairante, José de Llanos[8] retrace ce mouvement.

L’exposition présente non seulement un très beau Watteau :

Figure 4 Antoine Watteau, La déclaration attendue, Musée d’Orléans.

Mais également une œuvre tout à fait remarquable d’Oudry, qui mêle justement l’influence de Watteau et de la peinture vénitienne.

Figure 5 Jean-Baptiste Oudry, Comédiens italiens dans un parc, collection particulière.

On peut regretter que l’exposition n’ait fait aucune place aux élèves de Watteau, Lancret et Pater qui ont pourtant imposé son style, ni à l’album Julienne[9], qui l’a diffusé.

La vie intellectuelle

Si le terme est postérieur à la Régence, et qu’il est habituel de faire remonter son histoire à l’ouverture de l’hôtel de Rambouillet, vers 1618, le « salon », dont Benedetta Craveria a fait magistralement l’histoire[10], prend toute sa place dans la vie intellectuelle pendant la Régence. En effet, d’essence aristocratique, et érigeant au sommet de ses valeurs la délicatesse et l’intelligence, il fut d’abord purement mondain mais accueillit progressivement en son sein, hommes de lettres et savants, participant ainsi à une nouvelle vision des élites. Ce qui se nommait alors « société », était avant tout un lieu, une fréquence régulière et une personnalité, le plus souvent une femme. C’est dans son salon qu’elle invitait ses amis à jour fixe. Le reste, composition, sujets abordés, pratiques, était très variable mais par-delà leur diversité, tous ont contribué à l’édification, au prestige et à la pérennité d’un art de vivre à la française, d’une sociabilité qui exerçait son attraction sur l’Europe entière. L’exposition décrit quatre salons, celui de madame de Lambert, celui de madame de Verrüe, richissime veuve joyeuse du comte de Verrua, noble piémontais qui avait poussé sa femme dans les bras de son mâitre avant que celle-ci ne quitte Turin pour Paris, celui de madame de Tencin, maitresse officielle de l’abbé Dubois et enfin, celui de Crozat. Le salon, c’est sous la Régence l’espace de la discussion, c’est l’art de la conversation, c’est le lieu d’échange, de circulation, de création des idées.

Dans cet univers trois figures de premier plan prennent leur envol : Montesquieu, Marivaux et Voltaire. La publication en 1721 des Lettres persanes, 6 ans après la mort du roi Soleil, montre à elle seule, le travail de libération des talents et des esprits, accompli par la Régence.

Le prince libertin

De cela l’exposition parle peu et c’est bien dommage. Comme si les parties fines qu’organisait le Régent, au palais royal ou dans ses folies, ces villas parisiennes, devaient nuire à sa gloire. N’est ce pas justement parce qu’il pratiquait l’amour à géométrie variable, en compagnie de son cher abbé Dubois, dont il fit un évêque et pour qui il obtint la pourpre cardinalice, ainsi que de quelques autres « roués », hautes figures des mœurs libérées et de la libre pensée, qu’il pût huit ans durant faire bénéficier le royaume de sa vision, de sa liberté de pensée et de ses multiples talents. Et n’est-ce pas parce qu’il était capable de lire Rabelais pendant la messe de Noël, qu’il était sut s’entourer de personnalités aussi brillantes que John Law de Lauriston.

Tous les « biopics » se terminent mal. C’est le cas de cette exposition. Avec une grande noblesse, le régent rendit les clés du royaume à l’heure dite et il pouvait se flatter d’un bilan que peu de dirigeants peuvent lui contester. Six mois après il mourut. Le roi retourna s’enterrer à Versailles, le cardinal de Fleury dirigea le pays avec une parfaite incompétence. Quarante ans plus tard Voltaire dira :

« Pour nous autres Français, nous sommes écrasés sur terre, anéantis sur mer, sans vaisselle, sans espérance ; mais nous dansons fort joliment. »[11]

Cette belle exposition permet de comprendre à quel point la Régence fut importante pour la France, à quel point elle fait partie de ces courts moments de bonne gouvernance, surnageant dans des océans d’incurie qui permettent cependant et de façon étrange, à ce pays de se maintenir à travers les siècles.

Philippe PREVAL  Paris 10 Décembre 2023

NOTE

[1] Voltaire, La pucelle d’Orléans.
[2] Imprimé toutefois, selon la mode de « Paris Musée », sur du papier qui conviendrait mieux à un cornet de frites ou à l’emballage des harengs sur le port d’Amsterdam et affublée d’une iconographie d’une laideur outrageante.
[3] Qui comprenait entre autres, la Danaé du Corrège.
[4] Au point de composer un opéra tout à fait audible, penthée.
[5] Comme Louis XV, et c’est sans doute là une décision du Régent.
[6] Essai d’Arnaud Oursin
[7] Essai de Nicolas Courtin, Hôtels parisiens.
[8] Le Régent les arts.
[9] Postérieur il est vrai, mais Julienne est avant tout une figure de la Régence.
[10] Benedetta Craveri, L’âge de la conversation.
[11] Lettre à M. Bettinelli, 24 mars 1760

Versione Italiana

Questo è il tempo dell’amabile Reggenza,
Un momento fortunato, segnato dalla licenza,
Dove la follia, agitando la sua campana,
Con un passo leggero viaggia in tutta la Francia,
Dove nessun mortale si degna d’essere devoto,
Dove tutto si fa tranne la penitenza.
Il buon Reggente, dal suo palazzo reale,
La voluttà dà a tutti il segnale

Questi famosi versi di Voltaire riassumono bene il periodo di tempo dell’eccellente mostra organizzata dal museo Carnavalet di Parigi in occasione del suo trecentenario, accompagnata da un ottimo catalogo.
Succedendo al suo illustre predecessore Luigi XIV, zio cristianissimo che infiammò l’Europa, rovinò il suo paese, fece morire di fame il suo popolo, soppresse la libertà religiosa, privò la nazione delle sue élite protestanti, isolò l’aristocrazia e versò generosamente il sangue dei suoi figli, Filippo d’Orléans il dissoluto, stabilì un periodo di pace, riparò le finanze, salvò lo stato dai debiti, mantenne rispetto alla chiesa e al partito devoto, favorì il commercio e le arti, restaurò la libertà di pensiero e aprì l’era gloriosa dell’illuminismo nel suo paese nel corso di un solo decennio, durato però secondo Michelet un secolo. Il reggente fu un essere dal talento mutliforme che possedeva un’istruzione compiuta. Ottimo cavaliere e  uomo di guerra che si distinse per coraggio e compostezza, fu un grande amante dell’arte: trattò l’acquisto dell’antica collezione di Cristina di Svezia nel 1715, studiò pittura con Charles Coypel, fu anche un musicista affermato, si intendeva di  matematica e scienze e scriveva adeguatamente in latino e francese.
L’esposizione che lo celebra inizia con la “presa del potere” quando Filippo II d’Orléans si alleò con il parlamento di Parigi per stroncare la congiura di Cellamare decidendo che il potere e la corte tornassero a Parigi. Seguì un boom economico senza precedenti per Parigi, che vedrà la costruzione di numerose dimore private che si popolano di opere d’arte e danno lavoro a tutto un universo di mestieri.
L’esposizione si conclude con la morte del duca d’Orléans, l’incoronazione di Luigi XV e il disastroso ritorno del re e della corte nella piccola cittadina di provincia situata a quattro chilometri dalla capitale. Il  periodo della Reggenza viene affrontato in quattro parti – il nuovo regime, il rinnovamento urbano di Parigi e le arti decorative, le arti, le lettere e le idee, la fine della reggenza – di cui ci limiteremo a commentarne alcuni temi principali.
L’economia
Il reggente era amministratore dei fondi statali e in questa veste fermò i lavori di Versailles e mise fine alle guerre che avevano quasi portato il regno quasi al collasso. Questo atteggiamento misurato e virtuoso fu di per sé un fattore di ripresa. E tuttavia, quando pensiamo alla Reggenza, in termini economici, viene alla mente il fallimento di John Law. L’avventura della banca reale e della nuova Compagnia delle Indie Orientali è ben descritta nel catalogo ed evocata da una sala della mostra, in cui si evidenzia la creatività dell’economista scozzese, l’interesse per il regno e per l’economia produttiva, l’entusiasmo, la crescita sfrenata del leviatano diventata la nuova Compagnia delle Indie Orientali, e poi la caduta iniziata con alcuni errori grossolani e amplificata da chi era infastidito da questo successo, quali i vecchi ricchi del regno, la nobiltà di toga, la buona borghesia. Se è la caduta resta nella memoria, tuttavia non andrebbe dimenticato il sistema della Legge che durante i suoi quattro anni di esistenza consentì  la riduzione del debito del regno, una crescita notevole del commercio e dell’artigianato e la creazione di una nuova mentalità molto fruttuosa e molto vantaggiosa per tutto il popolo che consisteva nel guadagnare quanto più denaro possibile e spendere quasi altrettanto nelle arti, nelle decorazioni e anche nelle passioni meno virtuose come il gioco d’azzardo.
​ L’architettura a Parigi e le arti decorative
La reggenza è soprattutto uno stile decorativo immediatamente riconoscibile e che inaugura il grande stile francese che finirà con la rivoluzione. Attratti dal dinamismo del mercato parigino che doveva decorare e arredare le numerose dimore private costruite o allestite dalla corte reinsediata, o dalla borghesia finanziaria, gli artigiani provenienti in particolare dalle Province Unite inventarono uno stile elegante e più leggero rispetto alle pesantezze del tempo del Re Sole e lo utilizzò in vari campi: ebanisteria, applique in bronzo dorato, orologeria, falegnameria decorativa, sedili, porcellane montate… Per i mobili, è l’Età di Cressent. Si mettono via le pietre dure, si dimenticano gli assemblaggi innaturali, come dicono gli ebanisti, di legno, metallo, scaglie o smalto. I mobili sono in legno impiallacciato esotico, palissandro, legno viola, legno satinato, palissandro di tutte le varietà. Il nero ebano sta scomparendo, nei salotti compaiono i colori, oggi trasformati nelle sfumature del marrone. Questa è l’era di Gilles Marie Oppenordt per la decorazione. Scompaiono i pannelli marmorei, le pesanti rifiniture in bronzo dorato o i bassorilievi. È il regno del legno intagliato della sublime alleanza del bianco e dell’oro che non sarà mai abbandonata in Francia.
L’architettura è allo stesso tempo alleggerita, raffinata. Resta fedele al classicismo del XVII secolo ma la magniloquenza sfuma in favore dell’eleganza. In otto anni furono costruiti più di 40 alberghi, tra cui veri capolavori quali l’Hôtel Matignon, il Palais Bourbon, il Palais de l’Elysée… L’architettura privata ha avuto la precedenza sulle grandi costruzioni reali:
“È senza dubbio questa eleganza sobria e questa cortesia verso il passato che ha decretato il successo degli alberghi di quest’epoca, esempi di un’arte di vivere brillante e confortevole, rassicurante e moderna. »
I dipinti
Il pittore della reggenza è Watteau. La sua breve carriera segna praticamente la fine del regno di Luigi XIV. L’inserimento nell’Accademia di artisti veneziani, tra cui Sebastiano Ricci e Rosalba Carriera, è senza dubbio legato alla ventata di aria fresca che soffia nella pittura francese. ​La mostra non presenta solo un bellissimo Watteau ma anche un’opera assolutamente notevole di Oudry, che unisce l’influenza di Watteau e della pittura veneziana, anche se non è stato dato spazio agli allievi di Watteau, quali Lancret e Pater che tuttavia hanno imposto il suo stile.
Vita intellettuale
Se il termine è successivo alla Reggenza, si è soliti far risalire la sua storia all’apertura dell’Hôtel de Rambouillet, intorno al 1618, il “salotto”, di cui Benedetta Craveri ha magistralmente scritto la storia. Di essenza aristocratica, infatti, e ponendo la delicatezza e l’intelligenza al vertice dei suoi valori, fu inizialmente prettamente luogo di ritrovo mondano ma gradualmente, accogliendo letterati e eruditi, trasmise una nuova visione delle élite, impersonificata il più delle volte da una donna che, nel suo soggiorno, invitava gli amici in un giorno prestabilito. I temi trattati erano molto variabili ma, al di là della loro diversità, tutto contribuiva alla costruzione, al prestigio e alla sostenibilità di uno stile di vi fratancese, di una socialità che esercitava la sua attrazione in tutta Europa. L’esposizione descrive quattro saloni, quello di Madame de Lambert, quello di Madame de Verrüe, la ricca e gioiosa vedova del conte di Verrua, nobile piemontese che aveva spinto la moglie tra le braccia del suo padrone prima che lasciasse Torino per Parigi, quello di Madame de Tencin, amante ufficiale dell’abate Dubois e, infine, quello di Crozat. Sotto la Reggenza il salotto era lo spazio della discussione, era l’arte della conversazione, era il luogo dello scambio, della circolazione, della creazione di idee.
In questo universo prendono il volo tre protagonisti: Montesquieu, Marivaux e Voltaire. La pubblicazione nel 1721 delle Lettere Persiane, 6 anni dopo la morte del Re Sole, da sola dimostra l’opera di liberazione dei talenti e delle menti, compiuta dalla Reggenza.
Il principe libertino
La mostra dice poco a riguardo ed è un peccato. Come se le belle feste che il Reggente organizzava, al palazzo reale o, nelle sue follie, in queste ville parigine, dovessero nuocere alla sua gloria; praticò l’amore a geometria variabile, in compagnia del suo caro abate Dubois, per il quale ottenne la porpora cardinalizia, oltre ad alcuni altri “roués”, alte figure di liberati nella morale e nel pensiero; si deve dire che il regno beneficiò della sua visione, della sua libertà di pensiero e dei suoi molteplici talenti. E non fu perché lesse Rabelais proprio durante la messa di Natale che ha potuto circondarsi di personalità brillanti come John Law di Lauriston?
IN ogni caso tutti i “film biografici” finiscono male così accade anche in questa mostra. Con grande nobiltà, il reggente riconsegnò al tempo stabilito le chiavi del regno potendo vantare un primato che pochi condottieri possono raccontare. Dopo la sua morte il re tornò per essere sepolto a Versailles e il cardinale de Fleury governò il paese con totale incompetenza. Quarant’anni dopo Voltaire dirà:
“Noi francesi siamo schiacciati sulla terra, distrutti in mare, senza speranza; ma balliamo molto bene. »
Questa bella mostra ci permette di capire quanto la Reggenza sia stata importante per la Francia, quanto essa sia stata parte di momenti di buon governo in un  oceano di negligenza che però, e in modo strano, permettono a questo Paese di persistere nei secoli.