di Tristan CASABIANCA
Tristan Casabianca (M.A., LL.M.) Ăš un ricercatore indipendente francese. Nato nel 1982 a Bastia in Corsica, Ăš laureato in storia moderna, in diritto pubblico e in analisi economica del diritto. Nel 2017, Tristan Casabianca ha scoperto al British Museum dei documenti originali che mostrano l’inattendibilitĂ della datazione al carbonio 14 della Sindone di Torino. (la traduzione in Italiano Ăš di Michela MARINELLI)
Dans son article pour La Repubblica, Tomaso Montanari semble certain dâune chose : il ne peut pas avoir tort.[1] Le ton du critique dâart choque moins par sa conclusion â trĂšs conventionnelle â que par son caractĂšre pĂ©remptoire. Souvent, une chronique est une tempĂȘte. Celle de Montanari emporte le lecteur, partant dâune foire industrielle turinoise pour finir dans des considĂ©rations thĂ©ologiques : mais pourquoi refuser dây faire entendre quelques prudents chuchotements acadĂ©miques ?
Les conclusions dĂ©finitives sur des sujets controversĂ©s ne sont pas une mauvaise chose en soi. Ici, un spĂ©cialiste de lâart baroque nous explique pourquoi il est sĂ»r que lâimage figurant sur ce drap de lin ne peut remonter quâau milieu du XIVĂšme siĂšcle. Mais Montanari se garde de dĂ©tailler le cheminement de sa pensĂ©e. Lâhistorien dâart se drape dans un flou artistique et nous invite Ă le croire : dâailleurs, nâest-il pas sĂ»r de ce quâil avance ?
Le raisonnement de Montanari semble plus reposer sur une approche intuitive que sur une dĂ©monstration analytique.[2] Quatre Ă©lĂ©ments principaux lui servent Ă prĂ©senter son cas : un parallĂšle avec les gisants français du dĂ©but du XIVĂšme siĂšcle, un brouillon de mĂ©moire Ă©piscopal de la fin du XIVĂšme siĂšcle, lâapparition de mĂ©tiers Ă tisser comparables en Occident, et la datation au carbone 14 effectuĂ©e en 1988. Ayant avancĂ© ces Ă©lĂ©ments, Montanari doit encore se refuser Ă qualifier de « chef dâĆuvre » cette image pourtant unique dâun homme crucifiĂ© de face et dos. Seul un artiste mĂ©diĂ©val mĂ©diocre et probablement peu honnĂȘte est susceptible dâavoir conçu cette image spectaculaire mais artistiquement peu intĂ©ressante. En effet, si cette crĂ©ation Ă©tait gĂ©niale ou rĂ©volutionnaire, comment aurait-elle pu Ă©chapper Ă tous les travaux universitaires ?
Le recours, pour cette conclusion polarisĂ©e, Ă cette intuition constitue immĂ©diatement un signal dâalerte pour toute personne sâintĂ©ressant aux multiples controverses acadĂ©miques concernant le linceul de Turin. En rĂ©alitĂ©, la prĂ©sentation de ces Ă©lĂ©ments par Montanari fait immanquablement sourire lâexpert (car ce dernier tient Ă rester de bonne humeur). En privilĂ©giant cette approche intuitive, Montanari est contraint, probablement sans sâen rendre compte, dâĂ©carter un nombre immense de publications acadĂ©miques nâallant pas dans son sens. RĂ©guliĂšrement, des auteurs « mainstream », comme lâancien Ă©diteur de Nature Philip Ball, Ă©voquent lâĂ©change dâarguments pro et contra, et se gardent bien de conclure.[3] Montanari mentionne par exemple les rĂ©sultats de la datation au carbone 14 (1260-1390 avec 95 % de certitude). Sait-il que lâanalyse statistique des donnĂ©es brutes et de centaines de pages de documentation a montrĂ© quâil nâexiste aucune garantie concernant lâhomogĂ©nĂ©itĂ© et la reprĂ©sentativitĂ© de lâĂ©chantillon testé ?[4] Ou comment arrive-t-il Ă expliquer que sur ce bout de tissu, on est retrouvĂ© de multiples ADN originaires dâInde ?[5]
Une prĂ©sentation plus analytique aurait Ă©tĂ© possible, mĂȘme dans le cadre dâun bref article. Sur un sujet aussi controversĂ© que le linceul de Turin, on peut employer des critĂšres historiographiques traditionnels (plausibilitĂ©, puissance et portĂ©e explicatives, caractĂšre ad hoc, Ă©clairage dâautres hypothĂšses) appliquĂ©s aux seuls faits scientifiques faisant lâobjet de quasi-unanimitĂ©. [6] A dĂ©faut de mettre tout le monde dâaccord, cette mĂ©thode permet de mieux savoir oĂč se situent les points dâachoppement. Douglas Walton, professeur canadien de rhĂ©torique, a utilisĂ© une approche analytique, avec cette fois-ci un diagramme. Cet outil, dit heuristique, permet dâaboutir rapidement Ă une conclusion provisoire sur des sujets complexes. Walton argumente en faveur du faux mĂ©diĂ©val, mais nâĂ©tant pas un spĂ©cialiste il commet de nombreuses erreurs factuelles qui impactent sa conclusion. Ainsi, en 2016, Walton Ă©crivait que si des scientifiques avaient publiĂ© des preuves soutenant la non-reprĂ©sentativitĂ© de lâĂ©chantillon, alors cela « constituerait un trĂšs fort contre-argument » qui « pourrait vaincre le rĂ©seau dâarguments » supportant la thĂšse du faux mĂ©diĂ©val.[7] Or cela avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ le cas depuis 2005 Ă de nombreuses reprises.
En dehors de lâapproche intuitive, dâoĂč pourrait venir la confiance affichĂ©e par Montanari ? Le 5 mai 2020 va sortir un livre de vulgarisation de lâhistorien dâart amĂ©ricain Gary Vikan, dont la publication a Ă©tĂ© annoncĂ©e et repoussĂ©e depuis de nombreuses annĂ©es.[8] Selon Vikan, le linceul aurait Ă©tĂ© créé vers 1351 par un disciple de Simone Martini (mort en 1344), probablement le mal connu Naddo Ceccarelli, suite Ă une demande de ClĂ©ment VI (mort en 1352) et du nouveau roi de France Jean II le Bon. Vikan fut le directeur du Walters Art Museum (Baltimore, Maryland), qui possĂšde deux Ćuvres de Ceccarelli, dont une crucifixion. Depuis les annĂ©es 1990, Vikan essaie de mettre en avant le contexte de la « peste noire » et des pĂ©nitents pour expliquer cette image. La rĂ©ception de cette conjoncture nâa jamais Ă©tĂ© favorable et Vikan nâa pas souhaitĂ© ou pas pu la publier dans une revue acadĂ©mique. On notera ici que pour montrer que le suaire est apparu en 1350, il faut effectivement dĂ©nicher un peintre obscur, ici Ceccarelli dont on ne sait mĂȘme pas sâil Ă©tait encore actif dans les annĂ©es 1350. Ceccarelli aurait acceptĂ© cette Ă©trange suggestion de ClĂ©ment VI pour concurrencer le succĂšs des reliques du voile de VĂ©ronique Ă Rome et du suaire de Cadouin dans le PĂ©rigord, reliques pourtant promues par ce mĂȘme pape, « magnifique », moribond, mais aussi apparemment, si lâon suit Vikan, peu regardant et cohĂ©rent.
Montanari a peut-ĂȘtre dĂ©jĂ lu ou entendu parler de lâouvrage de Vikan. On peut le supposer quand il souligne que lâimage fut créée « au temps de la Peste Noire ». Celle-ci atteint Avignon en janvier 1348 et Paris en aoĂ»t. Mais Montanari ignore probablement que les derniĂšres dĂ©couvertes vont Ă lâencontre de cette hypothĂšse. Lâhistorien français Jean-Christian Petitfils a retrouvĂ© des sources redonnant de la crĂ©dibilitĂ© Ă un tĂ©moignage du XVIĂšme siĂšcle, selon lequel Philippe VI, le pĂšre de Jean le Bon, aurait choisi de donner cette relique au chevalier Geoffroy de Charny en septembre 1347. Le tissu aurait Ă©tĂ© prĂ©levĂ© sur le trĂ©sor royal de la Sainte-Chapelle, avec un morceau de la vraie croix et un cheveu de la Vierge, entraĂźnant la construction par Charny de la collĂ©giale de Lirey en Champagne, au sein de laquelle le linceul a probablement Ă©tĂ© exposĂ© dans les annĂ©es 1350.[9]
Mais Tomaso Montanari, en entretenant dans ce bref article une tempĂȘte univoque, a choisi de priver ses lecteurs du tourbillon, parfois discret et fascinant, de la vie acadĂ©mique.
Traduzione Italiana (di Michela MARINELLI)
Nel suo articolo per La Repubblica, Tomaso Montanari sembra certo di una cosa: non puĂČ avere torto.[1] Il tono del critico dâarte sconvolge meno per la sua conclusione â molto convenzionale â che per il suo carattere perentorio. Una cronaca cosĂŹ breve Ăš spesso una tempesta. Quella di Montanari travolge il lettore, partendo da una fiera industriale di Torino per finire in considerazioni teologiche: ma perchĂ© rifiutare di far ascoltare qualche prudente sussurro accademico?
Le conclusioni finali su questioni controverse non sono male di per sĂ©. Qui, uno specialista in arte barocca ci spiega perchĂ© Ăš certo che l’immagine che appare su questo lenzuolo di lino non puĂČ che risalire alla metĂ del XIV secolo. Ma Montanari sta attento a non spiegare nel dettaglio il percorso del suo pensiero. Lo storico dell’arte si avvolge in una confusione artistica e ci invita a crederlo: del resto, non Ăš forse sicuro di quello che sta dicendo?
Il ragionamento di Montanari sembra essere basato piĂč su un approccio intuitivo che su una dimostrazione analitica.[2] Per presentare il suo caso vengono utilizzati quattro elementi principali: un parallelo con le figure francesi giacenti risalenti allâinizio del XIV secolo, una bozza di resoconto episcopale risalente alla fine del XIV secolo, la comparsa di telai simili in Occidente e la datazione al carbonio 14 effettuata nel 1988. Avendo presentato questi elementi, Montanari deve ancora rifiutarsi di qualificare come un «capolavoro» questâimmagine tuttavia unica, frontale e dorsale, di un uomo crocifisso. Solo un artista medievale mediocre e probabilmente poco onesto potrebbe aver concepito questâimmagine spettacolare ma artisticamente poco interessante. In effetti, se questa creazione fosse brillante o rivoluzionaria, come avrebbe potuto sfuggire a tutto il lavoro accademico?
Il ricorso, per questa conclusione di parte, a questa intuizione costituisce immediatamente un segnale di avvertimento per chiunque sia interessato alle molteplici controversie accademiche riguardanti la Sindone di Torino. In realtĂ , la presentazione di questi elementi da parte di Montanari fa sorridere inevitabilmente l’esperto (perchĂ© questâultimo vuole rimanere di buon umore). Privilegiando questo approccio intuitivo, Montanari Ăš costretto, probabilmente senza accorgersene, a liquidare un numero immenso di pubblicazioni accademiche che non sono a suo favore. Regolarmente, degli autori «mainstream», come lâex direttore di Nature Philip Ball, evocano lo scambio di argomentazioni pro et contra, e si guardano bene dal giungere a conclusioni.[3]
Montanari menziona per esempio i risultati della datazione al carbonio 14 (1260-1390 con il 95% di confidenza). Sa che l’analisi statistica dei dati grezzi e di centinaia di pagine di documentazione hanno dimostrato che non esiste alcuna garanzia in merito allâomogeneitĂ e alla rappresentativitĂ del campione analizzato?[4] O come riesce a spiegare che su quel pezzo di tessuto sono stati trovati molteplici tracce di DNA provenienti dall’India?[5]
Una presentazione piĂč analitica sarebbe stata possibile, anche nel contesto di un breve articolo. Su un argomento anche controverso come la Sindone di Torino si possono usare dei criteri storiografici tradizionali (plausibilitĂ , potere e portata esplicativi, carattere ad hoc, chiarimento di altre ipotesi) applicati ai soli fatti scientifici che sono oggetto quasi di unanimitĂ .[6] Non riuscendo a mettere tutti dâaccordo, questo metodo consente di sapere meglio dove si trovano i punti critici. Douglas Walton, professore canadese di retorica, ha utilizzato un approccio analitico, a volte aiutato da un diagramma. Questo cosiddetto strumento euristico consente di raggiungere rapidamente una conclusione provvisoria su argomenti complessi. Walton argomenta a favore del falso medievale, ma non essendo uno specialista commette molti errori relativi ai fatti che incidono sulla sua conclusione. CosĂŹ, nel 2016, Walton scrisse che se gli scienziati avessero pubblicato prove a sostegno della non rappresentativitĂ del campione, allora questo «costituirebbe una controargomentazione molto forte» che «potrebbe sconfiggere lâinsieme di argomentazioni» che sostengono la tesi del falso medievale.[7] Ma questo era giĂ successo molte volte dopo il 2005.
A parte l’approccio intuitivo, da dove potrebbe venire la fiducia mostrata da Montanari? Il 5 maggio 2020 esce un libro di divulgazione dello storico dellâarte americano Gary Vikan, la cui pubblicazione Ăš stata annunciata e rinviata per molti anni.[8] Secondo Vikan, il lenzuolo sarebbe stato creato verso il 1351 da un discepolo di Simone Martini (morto nel 1344), probabilmente il poco conosciuto Naddo Ceccarelli, in seguito a una richiesta di Clemente VI (morto nel 1352) e del nuovo re di Francia Giovanni II, detto il Buono. Vikan fu il direttore del Walters Art Museum (Baltimora, Maryland), che possiede due opere di Ceccarelli, una delle quali Ăš una crocifissione. A partire dal 1990, Vikan cerca di evidenziare il contesto della «peste nera» e dei penitenti per spiegare questâimmagine. L’accoglienza di questâipotesi non Ăš mai stata favorevole e Vikan non ha voluto o non ha potuto pubblicarla su un giornale accademico. Si noterĂ qui che per dimostrare che la Sindone apparve nel 1350, Ăš davvero necessario scovare un pittore sconosciuto, in questo caso Ceccarelli, di cui non si sa nemmeno se era ancora attivo intorno al 1350. Ceccarelli avrebbe accettato quella strana richiesta di Clemente VI per competere con il successo delle reliquie del velo della Veronica a Roma e del sudario di Cadouin nel PĂ©rigord, reliquie comunque promosse da quello stesso Papa, «magnifico», moribondo, ma anche apparentemente, secondo Vikan, poco osservante e coerente.

Forse Montanari ha giĂ letto o sentito parlare dellâopera di Vikan. Possiamo supporlo quando sottolinea che lâimmagine fu creata «al tempo della Peste Nera». Quella raggiunse Avignone nel gennaio 1348 e Parigi ad agosto. Ma Montanari ignora probabilmente che le ultime scoperte vanno contro questâipotesi. Lo storico francese Jean-Christian Petitfils ha ritrovato delle fonti che ridanno credibilitĂ a una testimonianza del XVI secolo, secondo la quale Filippo VI, il padre di Giovanni II il Buono, avrebbe scelto di donare questa reliquia al cavaliere Geoffroy de Charny nel settembre 1347. Il telo sarebbe stato prelevato dal tesoro reale della Sainte-Chapelle, con un pezzo della vera croce e un capello della Vergine, con la conseguente costruzione da parte del de Charny della collegiata di Lirey in Champagne, in cui il lenzuolo Ăš stato probabilmente esposto intorno al 1350.[9]
Ma Tomaso Montanari, mantenendo in questo breve articolo una  tempesta inequivocabile, ha scelto di privare i suoi lettori del vortice, a volte discreto e affascinante, della vita accademica.
Tristan CASABIANCAÂ Â Â 6 maggio 2020
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