“Andrea Sacchi and the Cardinal Del Monte”. Une étude important de G.B. Fidanza sur les fresques redécouvertes dans le Palazzo di Ripetta (texte original en français avec version italienne).

di Philippe PREVAL

Il y a treize ans, la découverte d’un ensemble de fresques d’Andrea Sacchi dans un appartement du centre de Rome, démontrait s’il en était besoin, la richesse inépuisable du patrimoine artistique de romain.

Les fresques décorent ce qui était la loggia du Cardinal Del Monte, dans son “Palazzo à Ripetta”, près de la place del Popolo. La restauration effectuée presque immédiatement après la découverte fut une seconde renaissance de ce cycle important. Mais le travail de redécouverte ne peut être considéré comme achevé qu’aujourd’hui, avec la publication de l’importante monographie du professeur Giovan Battista Fidanza.

L’ouvrage, qui fait partie de la longue série des loggias romaines, mérite d’être étudié à plus d’un titre. D’abord pour son commanditaire, le Cardinal del Monte. Après le fait d’avoir récemment joué l’un des premiers rôles dans le dernier film sur le Caravage, mais certains n’ont pas aimé ce film, il mérite un livre entier et Fidanza lui consacre, à juste titre, un chapitre. Protecteur et collectionneur du Caravage, protecteur de Gallileo, grand collectionneur (la collection Del Monte comptait plus de 600 tableaux), préfet de factoria de S. Pietro (le chantier de Saint Pierre), il joua un rôle important dans la réorganisation de l’Académie de Saint Luc, n’hésitant pas, comme le rappelle l’auteur, à faire appel à un artiste étranger comme « Principe », Simon Vouet, pour mettre fin aux querelles intestines. Del Monte a suivi la carrière de Sacchi avec attention et bienveillance depuis ses premières œuvres jusqu’à sa propre mort en 1626.

Ensuite parce que c’est la première œuvre qui nous soit parvenue d’un artiste important. C’est l’œuvre d’un jeune homme de 18 ou 19 ans qui a du la réaliser en très peu de temps, pressé qu’il était par son mécène et patron qui voulait organiser un grand banquet ! C’est le décor d’une loggia que Del Monte utilise en été pour organiser des fêtes, des réceptions et des banquets … Bellori dit que le peintre n’était pas satisfait du travail, fait trop rapidement. Et celui-ci le reprit (on peut penser qu’il s’agit de la finition des détails décoratifs) quelques années plus tard, en 1626, peu avant la mort du cardinal. Le lien entre le cardinal et le jeune peintre ne s’est jamais rompu. Après la loggia, Sacchi travailla pour Saint Pierre, sous les ordres du cardinal, puis revint terminer la loggia. L’auteur souligne que Sacchi était un enfant trouvé, un « fils sans père », peut-être Del Monte, a-t-il joué ce rôle…

Enfin, c’est l’œuvre elle-même constituée de deux grandes fresques. Le plafond compartimenté : au centre, le soleil, personnifié par Apollon, donne sa force aux saisons représentées par des jeunes filles (« donzele » dit Bellori). Sur le mur opposé à la grande fenêtre, une bacchanale : Midas ramène à Bacchus, Silène ivre (il sera récompensé par la capacité à tout transformer en or, mais c’est une autre histoire). L’auteur propose un travail très sérieux d’explication de l’iconographie et établit clairement que le peintre a travaillé sur le texte de Cartari et non sur les textes originaux (Ovide…). On suppose que le mécène lui-même a fourni le programme et c’est très probable.

Le livre de Vincenzo Cartari a été un énorme succès, il a été utilisé par des générations de peintres qui ont pu accéder non seulement à des résumés de mythes, mais aussi à une bibliothèque d’images. Mais sa force – sa rapidité, son efficacité-, est aussi sa plus grande faiblesse. Il manque de chair, d’émotion, de profondeur et surtout de sincérité. Et malheureusement, ces faiblesses se transmettent à ceux qui en font usage. Quiconque a travaillé sur des textes réels ou en a discuté avec de grands savants, Mantegna, Raphaël, Corrège, Jules Romain, Rosso, Primatice, Titien ou Poussin, arrive à des résultats incomparablement supérieurs.

Fidanza écrit :

« le mythe prend parfois le chemin de l’anecdote » (p 117).

Mais cela ne vient pas du maniérisme de Cesari qui fut le premier maître de Sacchi mais du venin de Cartari et de tous les mythographes.

Apollon et les Saisons, une bacchanale, un programme simple en somme, qui convient bien pour une salle de fête et qui peut se faire rapidement. Peut-être « nécessité fit loi ». Le Cardinal voulait son banquet ! Nous ne suivons pas l’auteur sur les considérations morales qu’il exprime. Représenter le vice pour ne pas succomber, représenter l’ivresse pour ne pas boire, le sexe pour ne pas y goûter… Il est vrai qu’il y a quelques traités de théologiens sur le sujet qui ne sont pas sans rappeler les casuistes jésuites ridiculisés pour jamais par Pascal. Mais c’est un topos de l’hypocrisie catholique qui n’a pas toujours été de mise. En tout cas, ni au Palais Té, ni au Camerino Este, ni à Fontainebleau… Ces hommes, le duc de Mantoue, le duc de Ferrare, le roi de France, ont su prendre la vie du bon côté et il semble clair que Del Monte , qui avait bien connu Merisi, était fait du même métal.

Le livre se termine par un chapitre long et passionnant sur la technique du peintre. Cette partie comprend notamment, des photographies en lumière rasante, réalisées après la campagne de restauration. Ils permettent de déterminer les journées de travail qui ont permis de réaliser les fresques (ex : 4 jours pour la bacchanale). L’auteur fait également une série de comparaisons très justes entre les fresques du palais Farnèse et celles de Sacchi. Le second maître de Sacchi, Albani, avait travaillé sous la direction des Carracci. La transmission est évidente. De même, il est très utile de pouvoir comparer les quelques dessins préparatoires subsistants avec les fresques.

Les fresques de la loggia étaient peut-être une œuvre de circonstance, une œuvre éphémère, comme il y en eut tant, réalisée pour un grand banquet, par un jeune peintre que le cardinal avait “en main”. Mais la circonstance devint une opportunité et tout Rome vit l’œuvre de ce jeune artiste, et ces fresques gaies et légères lancèrent la carrière d’un grand peintre. C’est ce que permet de comprendre le travail remarquable de Fidanza.

Versione Italiana

Tredici anni fa, a Roma, in un appartamento del centro storico, sono venuti alla luce importanti affreschi di Andrea Sacchi, ennesima dimostrazione di quanto sia inesauribile la ricchezza del patrimonio artistico romano. Gli affreschi si trovano nella loggia del cardinal Del Monte, nel suo “Palazzo à Ripetta”, vicino piazza del Popolo. Il restauro eseguito quasi subito dopo la scoperta, è stato una seconda rinascita del capolavoro. Ma il lavoro di riscoperta può dirsi concluso solo ora, con la pubblicazione dell’essenziale monografia di Giovan Battista Fidanza, Ordinario di Storia dell’Arte Moderna all’Università di Roma “Tor Vergata”, dal titolo Andrea Sacchi and Cardinal del Monte. The rediscovered frescoes in the Palazzo di Ripetta in Rome (luglio, 2022).
L’opera oggetto del libro, che fa parte della lunga serie delle logge romane affrescate, merita infatti di essere studiata sotto più di un aspetto. In primo luogo per il committente, il Cardinal del Monte. Il quale, oltre a ricoprire uno dei ruoli più importanti nel recente film su Caravaggio (“L’ombra di Caravaggio”; ma a qualcuno questo film non è piaciuto), meriterebbe una intera trattazione e Fidanza giustamente vi dedica un intero capitolo. Protettore e collezionista di Caravaggio, protettore di Galileo, gran collezionista (la sua collezione contava più di 600 dipinti), prefetto della Fabbrica di S. Pietro, ebbe un ruolo importante nella riorganizzazione dell’Accademia di San Luca, come ricorda l’autore, non esitando a far nominare principe un artista straniero, Simon Vouet, per porre fine alle liti interne. Del Monte seguì con attenzione e benevolenza la carriera del Sacchi dalle sue prime opere fino alla sua morte, nel 1626.
Va sottolineato poi che quegli affreschi sono la prima opera importante di un grande artista, quale sarebbe diventato Andrea Sacchi, realizzati quando aveva 18 o 19 anni peraltro in breve tempo dato che il cardinale voleva organizzare una gran cena! Decorare una loggia era importante, e del Monte usava la loggia d’estate per dare feste, ricevimenti, banchetti. Bellori[1] ci dice tuttavia che il pittore non era soddisfatto del lavoro svolto troppo velocemente. Infatti vi rimise mano (e si può pensare che si trattasse della rifinitura dei dettagli decorativi) qualche anno dopo, nel 1626, poco prima della morte del cardinale. Il legame tra il cardinale e il giovane pittore non si è mai spezzato; dopo la loggia, Sacchi lavorò per San Pietro, di nuovo sotto gli ordini del cardinale, e poi tornò per terminare la loggia. L’autore sotolinea che Sacchi era un figlio senza padre (forse del Monte, ha giocato questo ruolo?).
Infine, va sottolineato il valore del lavoro stesso. Due affreschi appunto. Il soffitto a compartimenti: al centro, il sole, personificato da Apollo, dà forza alle stagioni (“donzelle” dice Bellori)[2]. Sulla parete opposta all’apertura, Mida riporta a Bacco, Sileno ubriaco (sarà premiato con la capacità di trasformare tutto in oro, ma questa è un’altra storia).
L’autore fa un lavoro molto serio di spiegazione dell’iconografia e stabilisce chiaramente che il pittore ha lavorato sul testo del Cartari e non sui testi di partenza (Ovidio…). Si presume che lo stesso committente abbia fornito il programma ed è una idea da ritenere molto probabile. Il libro di Vincenzo Cartari conobbe un grandissimo sucesso, utilizzato da generazioni di pittori che hanno potuto accedere non solo a riassunti di miti, ma anche a una biblioteca di immagini. Ma la sua forza, la velocità, l’efficienza, è anche la sua massima debolezza. Manca di carne, d’emozione, di profondità e sopra tutto di sincerità, e purtroppo queste debolezze si trasmettono a chi lo assume come guida. Chi ha lavorato sui testi reali o ne ha discusso con grandi studiosi, come Mantegna, Raffaello, Correggio, Giulio Romano, Rosso, Primatice, Tiziano o Poussin, arriva a risultati completamente diversi. Fidanza scrive: “Il mito a volte prende la via dell’aneddoto” (p 117). Ma questo non viene d’al manierismo di Cesari, è il veleno di Cartari e di tutti i narratori di miti.
Apollo e le stagioni, una baccanale, un programma semplice di fatto, che va bene per un luogo di feste e che si può realizzare velocemente. Forse “nécessité fit loi”. Il Cardinale voleva il suo banchetto! Non seguiamo l’autore sulle considerazioni di natura morale che esprime. Rappresentare il vizio, per non soccombere, rappresentare l’ubriachezza per non bere, il sesso per non peccare … questi topoi dell’ipocrisia cattolica non sempre sono stati appropriati. In ogni caso, né al Palais Té, né al Camerino Este, né a Fontainebleau … Signori come il Duca di Mantova, il Duca di Ferrara, il Re di Francia sapevano prendere la vita dal lato positivo e supponiamo che del Monte, che aveva conosciuto bene Merisi, fosse dello stesso metallo.
Il libro finisce con un lungo e appassionante capitolo sopra la tecnica del pittore. Questa parte comprende in particolare immagini a luce radente appositamente prodotte dopo la campagna di restauro. Consentono di determinare i giorni di lavoro che hanno permesso di realizzare gli affreschi (ex: 4 giorni per le Baccanale). L’autore fa anche una serie di paragoni molto corretti tra gli affreschi carracceschi di Palazzo Farnese e quelli del Sacchi, non a caso il secondo maestro del Sacchi, Francesco Albani, aveva lavorato sotto la direzione dei Caracci, quindi la trasmissione è ovvia. Allo stesso modo è molto utile poter confrontare con gli affreschi i pochi disegni preparatori sopravvissuti.
Gli affreschi della loggia furono forse opera di circostanza, opera effimera come ce n’erano tante, realizzati per un grande banchetto da un giovane pittore che il cardinale aveva “in mano”. Ma la circostanza divenne occasione per tutta Roma di vedere l’opera di questo giovane artista, e gli affreschi da lui realizzati, allegri e leggeri, gli aprirono la carriera di un grande pittore. Questo è ciò che il notevole lavoro di Fidanza ci permette di comprendere.

NOTE

[1] Giovan Pietro Bellori, che ha conosciuto personalmente Sacchi, parla in dettagli della loggia nelle sue Vite. Giovanni Battista Passeri aggiunge alcuni elementi.
[2] Ci sono anche, tre lunette: Venere e Marte; Cerere e Naiade, Vulcano e Apollo. Nell’affresco compaiono anche le quattro stagioni: Bacco (autunno); un agricoltore (l’inverno); Venere (la primavera); Cere (estate).

Philippe PREVAL  Paris, 19 Febbraio 2023