di Philippe PREVAL
On a coutume de placer la fin de la peinture baroque italienne dans la première moitié du XVIIIe siècle avec Sebastiano Ricci, et celle de la sculpture au même moment avec la Fontaine de Trevi. Mais il n’en est rien, la peinture baroque vit toujours à Rome, où elle est fièrement représentée par le français Philippe Casanova.
L’histoire de Philippe Casanova est assez romanesque. Il y a quelques décennies, il quitte Paris muni de son diplôme des beaux-arts pour s’installer dans la ville éternelle, ce qui fut l’habitude des peintres français depuis le début du XVIIe siècle jusqu’au XIXe avant que l’impressionnisme et l’art moderne ne mettent à bas l’étude des classiques et l’intérêt du voyage romain. Il fut d’abord logé dans une sacristie avant de se constituer progressivement un style, celui de la peinture architecturale, vedute ou vues d’intérieur et une clientèle. Car, il n’est ni un pur esprit, ni un conservateur des antiquités, ni un dandy feignant de vivre il y a trois ou quatre siècles. Il peint des tableaux pour des clients qui sont bien réels, il vit de son métier, il en fait vivre sa famille. Il est l’homme d’une passion mais il a su au fil des ans inscrire cette passion dans le réel. C’est ainsi qu’il y a quelques années[1] il avait présenté une très belle exposition chez le galeriste parisien Philippe Mendes.
Travaillant sans cesse au cours de ses pérégrinations, Philippe Casanova sait transcrire dans ses toiles le riche décor dormant depuis des siècles dans les églises romaines. Bronzes dorés, fresques, marbres, stucs, retables chatoyants se déploient en un désordre jubilatoire.

Le thème est le baroque italien mais le pinceau est résolument moderne. La même technique s’applique aux appartements parisiens ou romains qu’il sait magnifier, reprenant l’œuvre d’un Alexandre Serebriakoff (1907-1995) mais avec fougue et volupté. Dans le même esprit il a réalisé plusieurs scénographies pour des concerts de musique baroque dont nous avons rendu compte ici-même [2].
Aujourd’hui il franchit un cap. Il ne s’agit plus de peindre des décors baroques mais d’en créer un. Il s’agit, rien moins que de doter l’église baroque de Santa Maria dei pellegrini du plafond dont l’histoire l’a privée. C’est un projet ambitieux, le lieu est magnifique, il est marqué par la présence du grand Saint Philippe Neri et le retable de Guido Reni compte parmi les chefs d’œuvre du peintre. Il ne faut pas décevoir. Philippe Casanova est conscient des enjeux. Il travaille sur le sujet depuis plusieurs années. Les modèles sont à Rome. La Quadratura, cette perspective illusionniste, cet art du trompe-l’œil est une invention romaine qui s’est diffusée en Europe mais dont les principaux chefs d’œuvre sont romains : la voûte du Gesu de Bacciccio, celle de Saint Ignace de Pozzo et le Triomphe de la Divine Providence de Cortone au palais Barberini. Ces œuvres formidables au sens propre du terme, Philippe Casanova s’en est nourri depuis trente ans.
Aujourd’hui, grâce au savoir-faire d’Andrea Masci et de Civita dans le cadre du projet Paradisus [3] et au mécénat de Urban Vision, le projet est visible in situ. En effet, l’esquisse très élaborée du peintre est projetée sur le plafond de l’église, là où prendront place les toiles définitives réalisées par Philippe Casanova. Ce lieu magnifique qui est l’une des églises de Saint Philippe Néri accueille l’œuvre du peintre contemporain avec un naturel parfait. La visite s’impose.

L’exposition permet aussi d’admirer l’esquisse elle-même et de détailler l’iconographie élaborée par le peintre :le pèlerinage romain qui est associé au grand saint, connu sous le nom de Pèlerinage des Sept Églises.



Il faut saluer cette initiative qui permettra de doter enfin l’église du plafond qu’elle mérite ainsi que la clairvoyance et le support du clergé en particulier Mgr Rino Fisichella, Pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation, qui ont soutenu ce projet magnifique, à la fois contemporain et traditionnel, à la fois spirituel et moderne.
Le décor reprend la pensée du cardinal Gabriele Paleotti qui structura toute la peinture de la contre-réforme : la beauté élève l’âme des fidèles vers Dieu.

Philippe PREVAL Paris 23 Mars 2025
L’opera dell’artista Philippe Casanova è il manifesto del Concerto Inaugurale della Macchina delle Quaranta ore
Sotto l’Alto patronato di S. E. l’Ambasciatrice di Francia presso la Santa Sede Madame Florence Mangin
Organizzato da ROMA BAROCCA IN MUSICA In collaborazione con ROMA FESTIVAL BAROCCO
SABATO 29 MARZO 2025, ORE 10.30 CHIESA DI SAN LUIGI DEI FRANCESI
MUSICHE DI:
G.P. Palestrina, R. Cesti, F, Beretta, E. Bernabei, G. Frescobaldi, D. Dal Pane, G. Giamberti, G. Carissimi, G.B. Buonamente, L. Ratti, G. Corsi, A. Melani
ENSEMBLE CORRESPONDENCE Sébastien Daubé, Direttore
Scenografie PHILIPPE CASANOVA
Musica del video: Filippo Fabbri
NOTE
[1] En 2019
[2] https://www.aboutartonline.com/athalie-au-pincio-un-grand-moment-de-melomanie-de-civilite-et-damitie-franco-italienne-testo-originale-con-riassunto-in-italiano/
[3] https://www.civita.art/mostre/paradisus-artificio-di-luce/
Versione italiana