“Alfred Dreyfus. Vérité et justice”. Quando la Francia fu sui bordi della guerra civile ( Musée MAHJ, Paris, jusqu’au 31 août. Texte original en français avec résumé en italien)
En cette période pour le moins troublée, où la terre d’Israël a connu son premier pogrom depuis un siècle, où les conflits du Moyen-Orient sont régulièrement importés en Europe, où l’hydre de l’antisémitisme est réapparue au premier plan en présentant une tête jusque-là inconnue, le MAHJ a eu la bonne idée de consacrer une exposition très documentée à Alfred Dreyfus et par extension à l’affaire Dreyfus.
L’affaire Dreyfus occupe une place centrale dans l’histoire de la France contemporaine et dans l’histoire de l’Europe. Ce surgissement d’un antisémitisme violent et sans quartier dans la France républicaine a mis fin à un certain irénisme, il fut un genre de Et in Arcadia ego, il inspira de fait à Théodore Herzel l’idée que décidément, il ne serait jamais possible aux juifs de vivre en paix ailleurs que dans un état dont ils soient les maîtres, mais il fut aussi le début du combat contre l’antisémitisme, la création de la LICA, et sa première et éclatante victoire contre celui-ci. Car si la République a accusé et condamné injustement Dreyfus, la même République a révisé son procès, l’a gracié et enfin l’a réhabilité et si une partie du peuple français et de ses élites s’est engouffrée dans la haine des juifs, une autre partie a lutté pour établir l’innocence du capitaine Dreyfus et le faire réhabiliter.
L’affaire Dreyfus qui mit la France au bord de la guerre civile, consacra finalement, après que le bon droit eut prévalu, le triomphe définitif de la République, dont elle devint un mythe fondateur et fut la matrice d’un nouveau patriotisme. Elle fut si importante qu’elle fit d’Alfred Dreyfus un des multiples personnages de sa propre histoire et dans certains épisodes un simple figurant. Il est la victime d’une tragédie qui se transforme en drame et parfois même en comédie, entre les méchants incarnés par l’état-major de l’Armée, les polémistes antisémites, les antidreyfusards de toute espèce et le camp des lumières avec ses grandes figures, Zola, Clémenceau, Jaurès, ses valeureux soldats Lazare et Reinnach, son génie en germe, Marcel Proust et son improbable héros, le colonel Picard. Dans toute cette distribution, le bouc émissaire qui n’a pas été égorgé est souvent mis au second plan. Aussi est il bon et juste de remettre Alfred Dreyfus au centre de sa propre affaire, de lui consacrer une véritable exposition biographique, de retracer sa personnalité, son histoire, de parler de ses souffrances et de son immense courage et de voir « l’affaire » par ses yeux.
Alfred Dreyfus est issu d’une famille alsacienne. Son père a choisi la nationalité française en 1872 et y a fait entrer par la même occasion tous ses enfants dont Alfred, né en 1859. Comme tous les « optants » la famille Dreyfus est marquée par la défaite de 1871, par la perte de la terre natale, où la famille était installée depuis des générations, et elle se fait en contrepoint une haute idée de la République qu’elle a choisie « quoiqu’il en coûte ».
Figure 1: Extrait du registre de déclaration d’option. Paris, MahJ.
Alfred grandit dans un pays marqué par la défaite et la douleur de la perte de deux provinces. Son père est un industriel, l’usine est restée à Mulhouse, il doit y faire de fréquents voyages.
Figure 2: Edouard Detaille, Bataille de Champigny, 1882, Paris, Musée de l’arméeFigure 3: Paul Dubois, Souvenir, Alsace-Lorraine, 1905, Paris, Musée d’Orsay.
Alfred est un élève brillant. Il entre à l’école polytechnique. Il a la force tranquille des bons en maths. Quand il sera emprisonné au bagne il continuera de faire des exercices mathématiques pour s’entretenir. Il choisit l’armée. Polytechnique forme, depuis sa création, des officiers du génie et des artilleurs. Il est artilleur, comme Napoléon. Après son temps de régiment, il passe le concours de l’Ecole de guerre et en sort breveté en 1893. C’est une carrière limpide, remarquable, comme celle de Foch.
A cette époque, le début des années 1890, le gouvernement favorise les polytechniciens au dépend des saint-cyriens où vont de préférence les jeunes gens issues des vieilles familles, souvent royalistes ou soupçonnées de l’être. La République veut renouveler les cadres et Polytechnique lui fournit du sang neuf.
Mais si la république et l’anonymat des concours permettent à des juifs d’entrer à Polytechnique et de devenir officier, le climat antisémite n’est pas une fiction littéraire. L’antisémitisme a commencé plutôt à gauche avec entre autres Proudhon en réaction contre la grande bourgeoisie juive, les Rothschild, les Pereire, les Fould, sans apercevoir que leur richesse était pour une bonne part, le résultat du travail essentiel qu’elles avaient accompli dans la modernisation du pays et le relèvement de la nation, est, dans les années 1880-90, clairement passé à droite. C’est l’antisémitisme du peuple déicide, du judaïsme « international » et donc « antinational », de la subversion des traditions, du « remplacement », de l’ « anti-France ». Drumont triomphe avec La France Juive. L’exposition en donne quelques bons exemples en particulier des affiches frappantes dont la publicité de Jules Chéret
Figure 5: Jules Chéret, affiche publicitaire. Drumont en Godefroi de Bouillon d’opérette se proclame héritier des croisades mais aussi de la Révolution avec sa surprenante devise “ça Ira” et foule au pied le judaïsmeFigure 6: le judaïsme rassemble un certain nombre de clichés antisémites: les doigts crochus serrés sur la bourse pleine d’or, le nez camus. Mais ce vieillard, inspiré des vielles figures du temps, n’est pas n’importe qui! c’est Moïse lui-même
Cette image dit à elle seule à quel point l’antisémitisme est une maladie mentale. Le croisé, affirmant son christianisme en affichant la croix du Christ sur son bouclier, foule au pied Moïse descendant du mont Sinaï, Moïse auquel se réfère le Christ à chaque fois qu’il le peut. Drumont est donc un chrétien antichrétien ! L’affiche du dessinateur Willette qui recueillera 2% des voix au nom de l’antisémitisme n’est pas moins intéressante. C’est toute la « France » qui refuse le judaïsme : le passé, le présent, les ouvriers, les bourgeois, l’armée…
Figure 7: l’affiche électorale de WilletteFigure 8: un fier gaulois affublé d’une francisque (sic !) et brandissant une tête de cochon et s’affirmant fièrement comme un “bouffeur de porc”, un ouvrier, un étudiant engagé volontaire de 1871, un général foulent au pied le Talmud figuré comme les tables de la Loi.
Un an à peine après l’obtention de son brevet d’état-major, qui met le capitaine Dreyfus dans le saint des saints du ministère de la guerre, survient la catastrophe. C’est un document assez ridicule où un officier félon se plaint à son référent allemand de son mauvais traitement. On identifie l’écriture du capitaine Dreyfus ! Est-ce de l’antisémitisme ou le désir de trouver rapidement un coupable, dans cet officier remarquablement intelligent mais un peu arrogant, c’est un sujet de débat.
Toujours est-il que la machine s’emballe et que l’antisémitisme en « suspension » est, a minima, un accélérateur. Bertillon, le pionnier de la police dite « scientifique », est consulté. Il met en place un raisonnement alambiqué et faux pour démontrer qu’il s’agit d’une « écriture mécanique », que Dreyfus aurait mis en place des techniques visant à masquer son écriture et que c’est parce que celle-ci ne lui ressemble pas qu’elle est de lui ! L’état-major est paranoïaque. La douleur de la défaite de 1871 et de l’amputation de l’Alsace-Lorraine est intacte. Blessé dans son orgueil il réagit sans réfléchir. On convoque Dreyfus dans un petit bureau, on lui dicte un texte, on s’exclame sur la ressemblance avec le texte retrouvé, ce qui, soit dit en passant, invalide le raisonnement de Bertillon, on donne au capitaine un pistolet d’ordonnance. On attend qu’il se suicide. Arrive alors le premier coup de théâtre : il ne se suicide pas, il clame son innocence, il fait front. On l’arrête. Fin du premier acte. En 1898 Georges Méliès a réalisé un film en douze tableaux sur l’affaire. Le suicide forcé et refusé y figure en bonne place.
Figure 9: Georges Mélies, Dreyfus, 1898. C’est un film dreyfusard.
Dreyfus passe en jugement. Une vielle expression française dit que la justice militaire -finalement abolie par François Mitterrand en 1981- est à la justice, ce que la musique militaire est à la musique. Le premier procès Dreyfus ne dément pas cette affirmation . À la fin de l’année 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, sur la base d’un dossier à charge monté par le 2nd bureau, est condamné au bagne à perpétuité pour trahison et déporté sur l’île du Diable en Guyane.
À cette date, l’opinion comme la classe politique française est presque unanimement défavorable à Dreyfus. Mais deux phénomènes surviennent. D’abord Dreyfus n’est pas seul, il a une famille, en particulier un frère qui ne doute pas de son innocence et mobilise des intellectuels de premier plan, Bernard Lazare, Salomon Reinach, des juifs d’abord mais qui seront rejoints par des non juifs assez rapidement. Ensuite, Dreyfus lui-même ne plie pas. Incarcéré dans des conditions épouvantables, il ne sombre pas. Il tient un journal, écrit des lettres, il fait des exercices intellectuels, entretient sa santé autant que faire se peut.
Figure 10: cahier d’exercices du Capitaine Dreyfus. équations d’une surface tridimensionnelle et changement de repèreFigure 11: : cahier d’exercices du Capitaine Dreyfus: dessins décoratifs (motifs de tissu imprimé (?).
Les épreuves vont démontrer la force de caractère d’Alfred Dreyfus, sa résilience qui n’est pas sans rappeler celle de certains déportés du Goulag comme Dobrovsky, qui ne quittait pas son saint Augustin en latin ou Soljenitsyne dont la tête était remplie de poèmes. Cette capacité de résistance permet en particulier à de nouveaux acteurs d’entrer en scène : le colonel Picard, nouveau chef du 2nd bureau, Emile Zola, Georges Clémenceau.
Figure 12: Eugène Carrière, Clémenceau, Troyes, Musée des beaux arts, donation Pierre et Denise LévyFigure 13: Eugène Carrière Le général Picard, Nice, musée des beaux-arts.
Picard est un athée. Il n’aime pas tout ce qui croit à quelque chose. Il n’a pas d’affect particulièrement favorable à Dreyfus, mais il croit que 2 et 2 font 4. Quand il prend la direction du second bureau, il voit que le dossier construit par ses prédécesseurs est truffé d’incohérences ou de pièces pour le moins douteuses. Mieux encore, il découvre le véritable auteur du document, le capitaine Esterazy, dès 1896. Cela finit par déclencher un nouveau procès où l’état-major français ne manque pas l’occasion de se couvrir d’une deuxième couche de honte, en innocentant Esterazy qui est de toute évidence coupable.
La justice militaire innocente donc un homme qu’elle sait coupable pour maintenir la culpabilité formelle d’un autre qu’elle sait innocent. Elle ne se déjuge pas. Picard est traîné dans la boue, relégué en Afrique du Nord. Alors entre en scène le grand Zola qui publie sa célèbre lettre au président de la République, J’accuse, qui résume en une page et à la une, toute l’affaire le 13 janvier 1898.
L’armée est dépassée, sa défense est hors de position. Elle tente une manœuvre désespérée, faire un procès à Zola, ce qui ne fait qu’amplifier son désarroi, car à ce procès Picard vient témoigner et tout ce qui s’était dit dans le secret des bureaux du ministère de la guerre est exposé sur la place publique.
Figure 14: les dreyfusards vus par les antidreyfusards : les 12 apôtres de DreyfusFigure 15: Zola sur un pot de chambre
Malgré le battage incessant de la presse antidreyfusarde le procès en révision est inévitable.
Figure 16: Picard en gourgandineFigure 17: Jaurès en alcoolique (buvant de “l’eau du Jourdain“).
Les journaux dreyfusards, en particulier l’Aurore de Clémenceau, qui écrivit lui-même 700 articles, répondent mais restent dans les limites de la décence, alors que le camp d’en face ne s’interdit rien :
Figure 18: Victor auguste Lepneveu, Zola le roi des porcs.
Les affiches et couvertures de journaux permettent de comprendre la violence qui traversa la France et la mena au bord de la guerre civile. Mais rien n’y fit.
Dreyfus revient de Guyane pour un second procès qui se tient à Rennes, loin de Paris et de son bouillonnement. Ce procès se conclue par un second verdict de culpabilité mais « avec circonstances atténuantes » ce que tout le monde comprend comme une façon d’innocenter le capitaine tout en préservant l’armée. Il est gracié quelques temps plus tard.
Le combat pour l’innocence de Dreyfus n’est pas terminé. C’est autour d’une nouvelle figure de prendre le relais : Jean Jaurès. Ce dernier acte aboutira à la cassation et à la proclamation de l’innocence du capitaine, qui sera réintégré mais n’obtiendra pas l’intégration des années d’ancienneté qu’il demandait pour la période passée en prison injustement. Cela ne l’empêchera pas de reprendre du service de 1914 à 1918 et d’être décoré de la légion d’honneur. De leur côté, les antidreyfusards continuèrent leurs calomnies et seule la grande guerre parvint à calmer leurs ardeurs.
Le bon droit triompha, il est heureux qu’aucun grand artiste ou grand écrivain ne se soit trouvé dans le camp du mal, mais combien de seconds couteaux, d’envieux, de médiocres s’engagèrent dans l’œuvre de destruction d’un homme ?
Figure 19, Tim, Le capitaine Dreyfus, 1983
Il y a 40 ans François Mitterrand avait voulu placer dans la cour de l’école militaire, la statue du capitaine Dreyfus, œuvre de Tim. Elle n’y resta que quelques années… Cela montre à quel point les cendres sont éteintes. Aujourd’hui, la statue se tient bien droit dans la cour d’honneur de l’hôtel de Saint-Aignan, qui abrite le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MahJ).
Mais a contrario, le catalogue de l’exposition a été publié avec le concours de l’armée française, preuve que s’il y a des Galliffet et des Henri, il y a aussi des Picard. Dans toute cette histoire il aura fallu le courage d’un homme et de quelques « justes » pour ramener un pays à ses propres valeurs, une histoire qui sonne à nos oreilles comme une alarme et que seul peut décrire le texte magnifique de Jean Cayrol:
«Nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps et d’un seul pays, et qui ne pensons pas à regarder autour de nous et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin»[2].
Philippe PREVAL Paris 13 Avril 2025
NOTE
[1] Qu’on reconnaît aux deux rais de lumière qui fusent de son front et aux tables de la loi sur lesquelles il s’appuie
In questo periodo a dir poco travagliato, in cui la terra d’Israele ha vissuto il suo primo pogrom dopo un secolo, in cui i conflitti mediorientali vengono regolarmente trasferiti in Europa, in cui l’idra dell’antisemitismo è ricomparsa in primo piano con un volto fino ad ora sconosciuto, il MAHJ ha avuto la buona idea di dedicare una mostra molto ben documentata ad Alfred Dreyfus e per estensione all’affare Dreyfus. L’affare Dreyfus occupa un posto centrale nella storia della Francia contemporanea e nella storia d’Europa. L’emergere di un antisemitismo violento e implacabile nella Francia repubblicana pose fine a un certo irenismo; fu una specie di Et in Arcadia ego; in effetti ispirò a Theodore Herzel l’idea che per gli ebrei non sarebbe mai stato possibile vivere in pace in nessun altro luogo se non in uno Stato di cui erano padroni, ma fu anche l’inizio della lotta contro l’antisemitismo, la creazione della LICA e la sua prima e clamorosa vittoria contro di essa. Perché se la Repubblica ha accusato e condannato ingiustamente Dreyfus, la stessa Repubblica ha rivisto il suo processo, lo ha graziato e infine lo ha riabilitato e se una parte del popolo francese e delle sue élite era immersa nell’odio verso gli ebrei, un’altra parte ha lottato per stabilire l’innocenza del capitano Dreyfus e farlo riabilitare.
L’affare Dreyfus, che portò la Francia sull’orlo della guerra civile, sancì infine, dopo il prevalere dello stato di diritto, il trionfo definitivo della Repubblica, di cui divenne un mito fondante e fu la matrice di un nuovo patriottismo. Fu importante che Alfred Dreyfus divenisse uno dei tanti personaggi della sua stessa storia e in alcuni episodi una semplice comparsa. Fu vittima di una tragedia che si trasforma in dramma e talvolta persino in commedia, tra i cattivi incarnati dallo stato maggiore dell’esercito dai polemisti antisemiti, dagli antidreyfusiani di ogni tipo mentre dall’altro lato ci fu il campo dei Lumi con i suoi grandi personaggi, Zola, Clémenceau, Jaurès, i suoi valorosi soldati Lazare e Reinnach, il suo genio emergente, Marcel Proust e il suo improbabile eroe, il colonnello Picard. In tutta questa distribuzione, il capro espiatorio che non è stato massacrato viene spesso messo in secondo piano. È dunque giusto rimettere Alfred Dreyfus al centro della sua vicenda, dedicargli una vera e propria mostra biografica, ripercorrere la sua personalità, la sua storia, parlare delle sue sofferenze e del suo immenso coraggio e vedere “la vicenda” attraverso i suoi occhi.
Alfred Dreyfus proveniva da una famiglia alsaziana. Suo padre scelse la nazionalità francese nel 1872 e contemporaneamente la fece avere a tutti i figli, tra cui Alfred, nato nel 1859. Come tutti gli “optanti”, la famiglia Dreyfus fu segnata dalla sconfitta del 1871, dalla perdita della terra natale dove la famiglia si era stabilita per generazioni e, tuttavia aveva un’alta opinione della Repubblica che scelse “a qualunque costo”. Suo padre era un industriale, la fabbrica rimase a Mulhouse e lui dovette recarsi lì spesso.
Alfred fu uno studente brillante. Entrò alla scuola politecnica con forza di chi è bravo in matematica. Anche mentre era in galera continuò a fare esercizi di matematica per mantenersi in forma. Poi scelse l’esercito. Fin dalla sua creazione, il Polytechnique ha formato ufficiali del genio e artiglieri e lui fu un artigliere, come Napoleone ed ebbe una carriera straordinaria. A quell’epoca, all’inizio degli anni Novanta dell’Ottocento, il governo favoriva i politecnici a scapito di quelli di Saint-Cyriens, frequentati da giovani di vecchie famiglie, spesso monarchici o sospettati di esserlo. Per questo per rinnovare la sua dirigenza la Repubblica scelse i giovani del Politecnico
Ma se la Repubblica e l’anonimato dei concorsi permettono agli ebrei di entrare al Politecnico e di diventare ufficiali, il clima antisemita era ben presente. L’antisemitismo iniziò a sinistra, con Proudhon, tra gli altri, che reagì contro l’alta borghesia ebraica, i Rothschild, i Pereire, i Fould, senza rendersi conto che la loro ricchezza era, in larga misura, il risultato del lavoro essenziale che avevano compiuto per modernizzare il paese e far rivivere la nazione, ma poi negli anni 1880 e 1890, questa tendenza si spostò chiaramente a destra, come antisemitismo verso il popolo deicida, contro l’ebraismo “internazionale” e quindi “antinazionale”, come sovvertimento delle tradizioni e insomma come “anti-Francia”.
La mostra ne offre alcuni validi esempi, in particolare manifesti suggestivi, tra cui la pubblicità di Jules Chéret.
Sono immagini che da sole dicono quanto l’antisemitismo sia una malattia mentale. Il crociato, affermando la sua cristianità esibendo la croce di Cristo sul suo scudo, calpesta Mosè che scende dal monte Sinai, Mosè al quale Cristo fa riferimento ogni volta che può. Drumont è quindi un cristiano anticristiano! Non meno interessante è il manifesto del fumettista Willette, che ottenne il 2% dei voti in nome dell’antisemitismo. È tutta la “Francia” che rifiuta l’ebraismo: il passato, il presente, gli operai, la borghesia, l’esercito…
Appena un anno dopo aver ottenuto il brevetto di stato maggiore, che collocava il capitano Dreyfus nel sancta sanctorum del Ministero della Guerra, avvenne il disastro. Si tratta di un documento piuttosto ridicolo in cui un ufficiale delinquente si lamenta con il suo rappresentante tedesco per il trattamento ingiusto subito e dove venne Identificata la calligrafia del capitano Dreyfus! Se si trattasse di antisemitismo o del desiderio di trovare rapidamente un colpevole in questo ufficiale straordinariamente intelligente ma un po’ arrogante è oggetto di dibattito. Resta il fatto che per la macchina dl l’antisemitismo “sospeso” è come un acceleratore. Viene consultato Bertillon, pioniere della cosiddetta polizia “scientifica”. Egli usa ragionamenti contorti e falsi per dimostrare che si tratta di “scrittura meccanica”, che Dreyfus avrebbe messo in atto con tecniche volte a mascherare la sua scrittura e che è sua proprio perché non gli somiglia! Lo stato maggiore è paranoico. Il dolore per la sconfitta del 1871 e l’amputazione dell’Alsazia-Lorena è ben presente, perciò, ferito nell’orgoglio, reagisce senza pensare.
Dreyfus fu convocato in un piccolo ufficio, gli fu dettato un testo, ci furono molte esclamazioni sulla somiglianza con il testo che era stata trovata, il che, tra l’altro, invalidava il ragionamento di Bertillon, e al capitano fu consegnata una pistola d’ordinanza, sperando che si fosse suicidato. Ma qui arriva il primo colpo di scena: non si suicida, anzi proclama la sua innocenza. Fine del primo atto.
Nel 1898 Georges Méliès girò un film in dodici scene sulla vicenda. Il suicidio consigliato e quello rifiutato sono molto rappresentati. Dreyfus viene processato. Un vecchio detto francese dice che la giustizia militare, abolita definitivamente da François Mitterrand nel 1981, sta alla giustizia come la musica militare sta alla musica. Il primo processo Dreyfus non contraddice questa affermazione. Alla fine del 1894, il capitano Alfred Dreyfus, sulla base di un caso preparato dal 2° Bureau, viene condannato all’ergastolo per tradimento e deportato sull’Isola del Diavolo in Guyana. A questa data, l’opinione pubblica e la classe politica francese erano quasi all’unanimità contro di luis. Ma si verificano due fenomeni. Innanzitutto Dreyfus non era solo; aveva una famiglia, in particolare un fratello che non dubitava della sua innocenza e che mobilitò intellettuali di spicco, Bernard Lazare, Salomon Reinach, inizialmente ebrei ma ai quali si unirono ben presto anche dei non ebrei. Ma Dreyfus stesso non si arrende. Imprigionato in condizioni spaventose, non affonda. Tiene un diario, scrive lettere, fa esercizi intellettuali e si prende cura della sua salute il più possibile.
I processi dimostreranno la sua forza di carattere, la sua resilienza che ricorda quella di certi deportati del Gulag come Dobrovsky, che non abbandonò mai il suo Sant’Agostino in latino, o Solženicyn, la cui testa era piena di poesie. Questa capacità di resistenza permette l’ingresso di nuovi attori: il colonnello Picard, nuovo capo del 2° ufficio, Emile Zola, Georges Clémenceau.
Picard è ateo, non gli piace chi crede in qualcosa. Non nutre un sentimento particolarmente favorevole nei confronti di Dreyfus, ma ritiene che 2 più 2 faccia 4. Quando assume la direzione del secondo ufficio, si accorge che il dossier predisposto dai suoi predecessori è pieno di incongruenze o quantomeno di prove dubbie. Meglio ancora, nel 1896 scoprì il vero autore del documento, il capitano Esterazy. Ciò finì per innescare un nuovo processo in cui lo stato maggiore francese non perse l’occasione di coprirsi di un secondo strato di vergogna, scagionando Esterazy, che erachiaramente colpevole. La giustizia militare, quindi, scagiona un uomo che sa essere colpevole per mantenere la colpevolezza formale di un altro che sa essere innocente. Lo stesso Picard viene trascinato nel fango e relegato nel Nord Africa. Poi entra in scena il grande Zola, che pubblica la sua famosa lettera al Presidente della Repubblica, J’Accuse, che riassume tutta la vicenda in una sola pagina e in prima pagina il 13 gennaio 1898. L’esercito è sopraffatto, la sua difesa è fuori posizione. Tenta una manovra disperata, per processare Zola, ma ciò non fa che aumentare il suo sgomento, perché al processo viene a testimoniare Picard e tutto ciò che è stato detto nel segreto degli uffici del Ministero della Guerra viene reso pubblico. Nonostante l’incessante clamore della stampa anti-Dreyfusiani, il nuovo processo è inevitabile.
I giornali pro Dreyfus, in particolare L’Aurore de Clémenceau, autore di 700 articoli, risposero ma restando nei limiti della decenza, mentre il campo opposto non si proibì nulla: manifesti e copertine di giornali ci aiutano a comprendere la violenza che attraversò la Francia, portandola sull’orlo della guerra civile. Ma non ci fu niente da fare e Dreyfus torna dalla Guyana per un secondo processo che si svolge a Rennes, lontano da Parigi e dal suo trambusto. Questo processo si concluse con un secondo verdetto di colpevolezza, ma “con circostanze attenuanti”, che tutti interpretarono come un modo per scagionare il capitano e preservare l’esercito. Qualche tempo dopo venne graziato.
La lotta per l’innocenza di Dreyfus però non era finita. Ora è una nuova figura a prendere il sopravvento: Jean Jaurès. Quest’ultimo atto avrà come risultato la cassazione e la proclamazione dell’innocenza del capitano, che verrà reintegrato ma non otterrà l’integrazione degli anni di anzianità da lui richiesti per il periodo trascorso ingiustamente in carcere. Ciò non gli impedì di riprendere servizio dal 1914 al 1918 e di essere decorato con la Legion d’Onore. Da parte loro, gli anti-dreyfusiani continuarono le loro calunnie e solo la Grande Guerra riuscì a placare il loro ardore.
La ragione alla fine ha trionfato, è una fortuna che nessun grande artista o grande scrittore si sia trovato nel campo del male, ma quante persone mediocri, invidiose e di seconda categoria si sono impegnate nell’opera di distruzione di un uomo? Quaranta anni fa, François Mitterrand volle collocare la statua del capitano Dreyfus, opera di Tim, nel cortile della scuola militare. Vi rimase lì solo per pochi anni… Questo dimostra quanto siano spente le ceneri. Oggi la statua si erge nel cortile principale dell’Hôtel de Saint-Aignan, che ospita il Museo d’arte e di storia ebraica (MahJ).
Va detto che il catalogo della mostra è stato pubblicato con l’aiuto dell’esercito francese, a dimostrazione del fatto che se ci sono Galliffet e Henri, ci sono anche i Piccardi. In tutta questa storia, c’è voluto il coraggio di un uomo e di poche persone “giuste” per riportare un paese ai suoi valori, una storia che risuona nelle nostre orecchie come un campanello d’allarme e che può essere descritta solo dal magnifico testo di Jean Cayrol: “noi che fingiamo di credere che tutto questo provenga da un solo tempo e da un solo paese, e che non pensiamo di guardarci intorno e che non sentiamo che gridiamo senza fine”.
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